Sud Ouest
Comment le Bordelais Aucoffre.com veut passer de 30 à 100 salariés en… 3 ans
Jean-François Faure a eu l’idée de commercialiser des pièces en or après le krach boursier en 2008. Sa croissance impressionne. Aujourd’hui, il affiche 67 millions d’euros de chiffre d’affaires avec 29 salariés. En pleine levée de fonds pour partir à la conquête des marchés étrangers, il estime que sa société devrait atteindre les 100 salariés d’ici 3 ans.
Après le krach boursier de 2008, "je cherchais alors à acheter de l’or pour sécuriser mon épargne et je me suis aperçu que c’était très compliqué d’en acquérir via une banque", explique Jean-François Faure. Très vite, il comprend aussi que le business des pièces en or sera plus rentable et permet de toucher une cible plus large.
En effet, un demi-Napoléon coûte 100 euros, tandis que pour un lingot, il faut mettre 30 000 euros sur la table. Les rendements sont loin d’être à deux chiffres, mais l’or rassure des épargnants en quête de repères dans un monde financier où les crises se multiplient.
Une diversification réussie
Pour se faire connaître, Jean-François Faure a ensuite créé un blog, où il livrait ses conseils aux particuliers en matière de placement. En deux ans, son chiffre d’affaires est passé de 900 000 euros à 5 millions. Aujourd’hui, Aucoffre.com réalise 45 millions d’euros de chiffre d’affaires et emploie 29 salariés.
C’est le fruit d’une ingénieuse diversification. Jean-François Faure a inventé en 2011 sa propre pièce, la Vera Valor. Et, en 2012, il a lancé Vera Carte, une carte bancaire Mastercard, à partir de laquelle ses clients peuvent payer et retirer de l’argent en France et à l’étranger. "Vous pouvez ainsi revendre votre or n’importe quand". Le cours de l’or est réactualisé toutes les quinze minutes.
Les clients sont plutôt des hommes, des cadres, âgés de 55 ans, notamment des professions libérales. En moyenne, leur portefeuille en or se situe autour de 20 000 euros. Ils ne gardent pas les pièces chez eux. Seules 2% sont livrées. Les pièces sont stockées dans des coffres suisses (à 80%), français ou belges.
Il veut faire émerger une nouvelle monnaie communautaire
Aujourd’hui, Jean-François Faure entend franchir une nouvelle étape et a lancé en 2015 une filiale "VeraCash", une monnaie complémentaire adossée à des métaux précieux. Une monnaie globale d’intérêt communautaire est dédiée à l’épargne, à la consommation et à l’échange entre ses membres. Une filiale, qui a déjà réalisé 22 millions d’euros de chiffre d’affaires avec seulement 7 salariés.
Alors que les tarifs bancaires ont augmenté de plus de 10% en moyenne depuis janvier dernier et que les monnaies locales se développent, il espère séduire de plus en plus de clients. "Nous prenons des frais de commission de 3% pour changer l’or en euros ou en dollars, mais si les gens s’échangent des euros entre eux, via VeraCash, il n’y a plus de frais", met-il en avant. En un an, plus d’un million d’euros ont ainsi été échangés entre particuliers.
Sa cible, ce sont à la fois des grandes entreprises, avec des clients dans le monde entier, qui peuvent offrir des pièces en or, via "VeraCash" à leurs clients ou collaborateurs, en jouant sur le prestige que véhicule l’or, et d’importantes communautés de particuliers en Chine ou en Inde, dans des villages.
Recrutements
A ce jour, seulement 3 000 personnes utilisent VeraCash, mais la structure affiche déjà 22 millions d’euros de chiffre d’affaires avec seulement 7 collaborateurs. Alors, pour se déployer à l’international, Jean-François Faure lève actuellement des fonds, via Happy Capital, le site de crowdfunding bordelais. Alors, qu’il reste encore 19 jours, avant la clôture de la levée de fonds, son objectif de 500 000 euros a déjà été atteint.
"Tout l’enjeu pour nous est de toucher de grandes communautés et d’avoir les bons partenaires à l’étranger. Ensuite, par viralité, VeraCash se développera", explique-t-il. A cet effet, il va embaucher cette année un responsable export, qui parle indien et/ou chinois, et plusieurs commerciaux. "Nous recherchons essentiellement des jeunes diplômés avec des profils type couteau suisse, très agiles".
D’ici la fin de l’année, les effectifs de la filiale devraient doubler et passer de 7 à 14 salariés. Et, à horizon 3 ans, il nourrit des objectifs très ambitieux. "L’ambition est d’atteindre 300 millions d’euros de chiffre d’affaires, ce qui nous amènerait à employer 100 salariés", lance-t-il.
Le chemin est encore long. L’année 2017 s’annonce déterminante quant à sa capacité à se déployer à l’international. Mais, Jean-François qui a déjà fondé 8 sociétés, aime relever les challenges.